Perle d'Afrique  
Plus qu'en toute autre partie du monde, l'histoire des perles reflète la multiplicité et la diversité des modes de vie qui s'y sont développés.
3 facteurs ont joué un rôle déterminant dans la fabrication des perles : Les objets perlés servent à distinguer la personne royale des gens ordinaires. Ainsi, les ornements de perles produits par les artisans spécialisés pour l'oba, le roi Yoruba, et sa cour, sont beaucoup plus complexes que ceux fabriqués par les pasteurs Turkana et samburu. Néanmoins, pour ces derniers, les perles, qui constituent une partie essentielle du vêtement de tous les jours, indiquent aussi la classe d'âge, le statut matrimonial, la situation sociale de celui ou de celle qui les porte.

La parure, surtout si elle est composée de perles, véhicule toutes sortes de valeurs culturelles, en un langage symbolique exprimant rang, religion, politique, goûts artistiques.


les multiples utilisations des perles dans les sociétés africaines
Les perles sont devenues des éléments essentiels de la parure individuelle dans presque toutes les sociétés africaines. Mais la façon dont elles ont été - et sont encore obtenues et utilisées varie selon les structures sociales, politiques et économiques du groupe, et du rôle qui leur est dévolu dans le système des échanges. Par exemple, les Turkana, les Samburu et les Dinka, éleveurs vivants en autosubsistance dans les pâturages arides et les déserts du Kenya et du Soudan, continuellement en quête de nourriture et d'eau fraîche, d'une importance vitale, ne peuvent posséder d'objets volumineux. Leur art s'exprime plutôt dans l'ornementation du corps que dans celle de la maison. Dans ces tribus, les perles que portent les hommes et les femmes constituent une part essentielle du vêtement, qu'il soit ordinaire ou cérémoniel, et indiquent l'affiliation ethnique de la personne, sa classe d'âge, son statut matrimonial et sa richesse. Le passage d'un groupe d'âge à un autre est signalé par les changements de vêtements et de parures, entre autres de perles, dont les styles, les couleurs et l'assemblage, tout en embellissant le porteur ou la porteuse, communiquent d'importantes informations à son sujet.
Le Bénin
Pendant des siècles, les régalia cérémoniels de l'oba, de ses généraux, des ses chefs et des autres dignitaires ont permis d'admirer les richesses de la cour du Bénin. Parmi ces régalia, les perles de rocaille de l'oba tenaient une place importante. Le rang d'un dignitaire pouvait être évalué au nombre de perles de rocaille qu'il portait. Une fois par an, l'oba parcourait à cheval le Bénin et conférait personnellement à ses dignitaires l'"honneur des perles", honneur comparable à l'adoubement du chevalier. Si le titre n'était pas héréditaire, les perles devaient être restituées à la mort de leur détenteur.
Les Yorubas
La mythologie des Yoruba, héritiers de riches traditions du Bénin, se reflète dans leurs magnifiques assemblages de perles de verre. Ces perlages honorent des centaines d'orisha (esprits). Chaque famille yaruba possède son propre orisha, auquel est relié tout événement important de la vie : naissance, maladie ou mort… Pour les Yoruban, les ceintures sont inverties d'une haute signification. Traditionnellement, la jeune mariée entoure sa taille de nombreux rangs de perles, gages de sa virginité. En entonnant un chant nuptial, "Ekun lyawo", elle se présente devant la famille de son mari : "un fleuve secret coule dans la jungle… moi, Ayoki, je vais y laver mon visage, Aussitôt, je me transforme en une jolie vierge. Tout autour de ma taille, s'enroulent de jolis Rangs de perles. Compter les perles, Ô mes chers amis, Et s'il en manque une seule, mettez-moi nue"